Enfant, je ne répondais pas aux codes de la vraie petite fille. J’étais entourée de beaucoup de garçons et on ne disait pas de moi que j’étais une jolie poupée. Pourtant, j’observais beaucoup les femmes, qu’elles soient réelles ou fictives. Je passais mon temps à les dessiner. J’ai toujours été fascinée par les codes d’une certaine féminité des talons hauts, au rouge à lèvres en passant par la dentelle et les motifs léopard...Ainsi qu’aux différentes mécaniques de séduction et donc aux rapports interpersonnels.

Je comprends bien, en grandissant, que tous ces codes engendrent des jeux, des accessoires, des parures, des parades, des attitudes. Et surtout que toutes ces panoplies produisent des effets sur les hommes et les femmes qui m’entourent.​ Mon cursus dans le domaine des métiers d’art débute dès l’âge de 14 ans en intégrant la Formation Métiers d’Art (FMA) à l’école Boulle avec pour spécialité l’ébénisterie. Premier rapport à la matière et à l’objet loin de mes fascinations, mais qui me donneront le goût et l’approche des savoir-faire au sein des métiers d’art. Après cette première expérience, j’ai ressenti l’envie de réunir mes connaissances et mes idées. L’envie également d’analyser des attitudes et comportement afin de me rapprocher d’objets plus proches des corps, j’ai donc intégré le BTS design produits de l’ENSAAMA, puis le DSAA métiers d’art durant lequel j’ai travaillé sur la figure féminine de la pétasse, en écrivant, en 2020, un mémoire intitulé La mécanique de la pétasse. Ce cursus particulier m’a donné les connaissances nécessaires pour comprendre la matière, mais également pour développer un univers personnel que je ne cesse d’affiner et qui ne finit pas de m’inspirer. Le matériau réagit en fonction de son environnement, de sa manipulation, il est le lien direct entre le corps et l’espace. La pétasse conscientise ce qu’elle est, ce qu’elle communique et ce qu’elle représente. Entre la pétasse et la parure, on touche la dimension de l’intime et du communicant, cette notion du contre le corps, celui de la pétasse, et par conséquent contre ou tout contre ce qui l’entoure, le corps de l’autre, l’environnement.

Tout comme la figure de la pétasse, il a fallu que je m’affirme et que je définisse ma propre case. L’objet est devenu le personnage, le matériau est devenu le corps.

Lola Mossino